KWÉ! La Nation Wendat à l'Observatoire des droits humains à l'ONU
- Adèle Gagnon Pelletier
- 7 juil.
- 3 min de lecture
Dans une vision interdisciplinaire et intersectionnelle, la prise en considération du point de vue autochtone canadien est un élément primordial qui se retrouve au cœur des différentes activités de l’Observatoire des droits humains à l’ONU. C’est pourquoi, le 19 septembre dernier, nous avons eu l’immense honneur de recevoir en personne Pierre Picard et Mélanie Vincent pour aborder la question de l’identité des Premières Nations.
À propos de Pierre Picard
Membre de la Nation Wendat, il possède une expertise considérable en intervention sur le terrain auprès des Premières Nations du Québec. Au cours de sa carrière, Pierre Picard a travaillé sur des enjeux portant sur divers problèmes psychosociaux présents au sein des communautés autochtones. De plus, il a œuvré dans le milieu universitaire en tant que chargé de cours à l’Université de Montréal et dans le milieu gouvernemental en tant qu’expert dans plusieurs comités. Cette implication lui a permis de participer à la mise en place de nombreuses politiques, programmes et stratégies concernant le secteur autochtone. Depuis le 26 octobre dernier, il a été élu au poste de Grand Chef de la Nation wendat.
À propos de Mélanie Vincent
Membre de la Nation Wendat également, elle possède une expertise remarquable en communication stratégique et en gestion de crise. Elle a été récipiendaire de la convoitée bourse du Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU à Genève et de l’UNESCO à Paris. De plus, au sein du milieu universitaire, Mélanie Vincent s’implique actuellement en tant que formatrice à l’École des dirigeants autochtones de HEC Montréal. En 2017, elle a fondé le festival KWE!, un événement annuel d’envergure présentant diverses activités qui mettent en avant différents aspects de la culture autochtone. Dans la ville de Québec, ce festival à succès permet le rayonnement d’artistes autochtones ainsi qu’un partage actif de la culture autochtone avec le grand public.
Pour plus d’informations, veuillez consulter le lien suivant : https://www.kwefest.com
Lors de la rencontre du 19 septembre, différents points concernant l’identité autochtone ont été abordés par les deux invités. Parmi ceux-ci, on retrouve la nécessité d’avoir des repères symboliques par rapport à son identité, la démarche vers la réconciliation ainsi que la problématique grandissante de l’auto-autochtonisation. Pour un être humain, il est essentiel de construire son identité autour de plusieurs sources d’ancrage. Celles-ci permettent d’établir une relation entre l’identité et la culture d’un individu. Le lien entre ces deux éléments est primordial pour permettre à un individu de réellement s’attacher à son identité. Chez les Premières Nations, cet exercice peut être plus complexe. Entre autres, cela pourrait s’expliquer par le fait qu’historiquement, au sein des différentes communautés autochtones, une certaine culture du silence ou du secret s’est installée.
De plus, il ne faut pas négliger les communautés autochtones qui ont également vécu, pendant plus de 150 ans, d’horribles tentatives d’assimilation de leur culture. Au fil du temps, de nombreux repères permettant de faire le pont entre la culture et l’identité autochtone, comme la langue, ont été grandement atteints ou ont même complètement disparu. Par conséquent, le manque ou l’accès difficile à certains de ces repères culturels a rendu la reconnaissance et l’appropriation de l’identité autochtone chez certains membres des communautés plus complexes. Ensuite, pour obtenir une certaine réconciliation, il est primordial qu’une volonté sociale et politique d’engager un processus de réconciliation soit présente au sein des différentes instances décisionnelles. Les décideurs doivent suivre et mettre en place une démarche axée sur ce processus de réconciliation, qui doit être menée aux côtés et en collaboration active avec plusieurs acteurs issus des communautés autochtones. Il faut également prendre en considération qu’au Canada, il existe un nombre considérable de communautés autochtones à travers le pays. Chacune d’entre elles possède ses propres enjeux et difficultés. Par exemple, lors de la rencontre du 19 septembre, il a été mentionné que plus une communauté est éloignée des grands centres, plus elle fait face à plusieurs difficultés socio-économiques.
Pour finir, la question de l’auto-autochtonisation a aussi été abordée par les deux invités. À l’heure actuelle, ce phénomène déplorable est de plus en plus présent au sein de la société. Brièvement, celui-ci se définit comme étant le fait qu’une personne non autochtone s’approprie le statut autochtone dans le but de bénéficier de certains avantages. Lors de la discussion avec l’Observatoire, l’auto-autochtonisation a été illustrée comme une certaine forme de violence dirigée envers les personnes autochtones ainsi qu’un vol d’opportunités qui auraient dû être obtenues par une personne possédant l’identité autochtone.
En conclusion, pour les membres de l’Observatoire, cette rencontre avec Pierre Picard et Mélanie Vincent a permis d’ouvrir le dialogue sur l’importance de prendre en considération le point de vue autochtone au sein des différents travaux et activités de l’Observatoire. D’une perspective plus générale, il faut retenir que pour comprendre concrètement les divers enjeux touchant l’identité autochtone ainsi que la réconciliation, nous devons nous informer sur le sujet.
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